Chapitre2L'arrivée au village
Nous ne nous sommes presque pas parlé du voyage qui me menait au village caché des Assoiffés. Nous avions beaucoup marché Pps1 et moi. Nous éloignant des grandes routes, passant par des chemins dissimulés, il me menait vers sa terre. Nous étions arrivés au désert de pierres ou rien ne pousse ni ne vit. Cependant nous nous enfoncions dans le dédale de rocs monstrueux. Pps1 connaissait apparemment bien les lieux car il n'hésitait jamais à prendre une direction. Tout à coup il s'arrêta net.
-Mon ami, bienvenu au village des Assoifés!
J'étais un peu en arrière et ne voyais que des cailloux. Arrivé à sa hauteur, perché sur la colline, je vis derrière une pallissade de bois un grand village. Nous descendîmes la pente, passâmes la porte fortifiée que des gardes avaient ouverts à la vue de la présence de leur Chef.
Arrivé dans le village personne ne fit attention à moi si ce n'est le bon BigMart, l'Ogre le plus connu de ce monde, qui me lança de sa voix rocailleuse alors que nous passions non loin de lui:
-Bienvenu parmis nous Flienfels!
Et il ajouta d'un air plein de malice. Fais attention à ce que l'on te sert au bar du village! Ce n'est pas là-bas que tu y étancheras ta soif. Moi je te connais l'ami et je sais ce que tu aimes! Tu sais où me trouver!
Il reçu en réponse un large sourire accompagné d'un clin d'oeil de ma part et un regard désaprobateur de Pps1 qui gromela en hochant la tête:
-Vantar présomptueux! Ce qu'il peut m'énerver quand il accueille les nouveaux de cette manière....
Je ne permis aucun commentaire.
Pps1 me fit alors visiter les lieux. Au Sud se trouvaient de sombres et calmes marais qui, par cette douce et claire nuit, reflètaient les cieux étoilés. Aux abords du marais se trouvaient de nombreuses maisons dont les murs étaient constitués d'une ossature de bois et d'un remplissage en torchis de chaux vive. De toute évidence, ce ne pouvaient être les demeures de vampires. Tout en serpentant entre les modestes bâtiments, je me demandais qui pouvaient bien habiter ici. La réponse ne se fit pas attendre. Un homme sortit d'une habitation et s'approcha de nous.
- Bonsoir Noble Seigneur! Que nous vaut l'honneur de votre présence parmi nous?
s'adressa-t-il à Pps1.- Je te présente Flienfels, un ami. Il aura besoin d'une demeure digne de son rang. Il n'y en a plus de libre. Peux-tu t'en occuper, Jean maître bâtisseur?
La question n'attendait aucune négation.
-Oui! Bien sûr Monseigneur. Nous commencerons l'ouvrage dès l'aube et dès demain soir le Seigneur Flienfels pourra y prendre ses quartiers.
Puis se tournant vers moi, il poursuivit, Soyez le Bienvenu Seigneur Flienfels!
-Merci Jean,
lui répondis-je tout en pensant que le travail ne serait jamais fait en si peu de temps.Après cette brève discussion, notre route se poursuivit vers l'Ouest du village, à l'opposé de la palissade d'entrée. Il y avait là une grande forêt. Elle était composée de deux parties bien distinctes. La première qui bordait la Cité, était comme un immense nuage de ronces et d'arbustes épineux. La deuxième ressemblait à une armée d'arbres morts en pleine déroute tellement on pouvait voir de branches entremêlées et des cadavres de bois jonchés le sol. La lumière de la Lune révèlait toute la beauté terrifiante de ce spectacle macabre.
Laissant derrière nous cette vision de la mort, nos regards se tournèrent vers le Nord. Face à nous se dressait une imposante montagne. De sa cîme enneigée coulait une rivière qui s'acheminait de cascade en cascade jusqu'au Marais Miroir en passant à travers le village. La montagne était comme coupée au couteau. Nul doute que personne ne puisse un jour l'escalader. Noire et menaçante comme mes pires cauchemars, blanchie par les coulées d'eau, elle semblait pleurer les péchés de ce monde.
Quelques instants éternels passèrent avant que nous reprenions le chemin du village. Nous traversâmes la place du marché où des cris de vente et d'achat fusaient au dessus de nos têtes. On y vendait armes, vêtements, bijoux, potions soi-disant magique et trésors en tout genre. Pps1 me montra ensuite le stand de tir et l'école militaire où des hommes s'entrainaient au combat. Il m'expliqua qu'ici les humains n'étaient pas des esclaves mais des hommes libres qui en l'échange de la protection du clan oeuvraient pour l'essor de leur Cité. Quand il eut fini son explication qui remplissait mon coeur de bonheur, nous arrivâmes devant le fameux bar qui faisait place à une salle de spectacle. Alors Pps1 se tourna vers moi et me dit d'un ton qui se voulait sérieux:
-Tu iras au bar plus tard. Nous allons à la Forteresse.
- A la forteresse? Où ça? Je ne veux pas déjà quitter cet endroit,
me plains-je.- C'est juste à coté. Nous ne marcherons pas bien longtemps.
- Ne pouvons pas rester dans le village plus longtemps?
- Vois-tu Flienfels, ces protections naturelles et ces pallissades de bois ne suffisent pas à protéger les habitants de la Cité. C'est pourquoi nous avons bâti, grâce à ces hommes valeureux, une forteresse imprenable et indestructible comme le sont nos liens entre membres de cette famille.
Sa voix était calme et sincère. Mon émotion était grande en ce moment. Serait-ce la famille que je cherchais depuis si longtemps dans cet univers de solitude?
- Suis-moi maintenant. Je veux y être avant l'aube.
Je le suivis alors sur le sentier qui longeait la rivière jusqu'à la grande cascade. Nous contournèrent le bassin d'eau rutilante, puis traversèrent un petit pont de pierre que nul n'aurait remarqué car il était ouvragé de manière à se confondre avec les roches avoisinante. Une fois arrivée de l'autre côté, nous passâmes derrière le rideau d'eau pour faire face à une grotte obscure.
- Nous y sommes!
me dit-il le sourire aux lèvres. Puis d'une voix forte, il s'écria:Que la soif de celui qui se présente, comme les larmes de celle qui le reçoit, ne se tarissent jamais!
Alors un vrombrissement assourdissant résonna dans la caverne faisant écho aux sanglots de la cascade. Des lumières illuminèrent la caverne dévoilant les gigantesque portes de pierres qui s'ouvraient pour nous accueillir. Les portes de la Forteresse m'étaient ouvertes.